Lecteurs comme critiques littéraires, la lecture pose une question essentielle : qu’est-ce qu’un bon livre ?
Alors, il est bien tentant de tomber de la négation même de la possibilité de cette question, pourtant sur toutes les lèvres. C’est vrai, la littérature échappe complètement à la modélisation scientifique. Il n’y a pas d’équation pour faire d’un livre un bon livre. Poids du papier, nombre de pages, de mots par phrase, de paragraphes, de chapitres… Tous ces nombres ne sont pas les inconnues d’un algorithme qui permettrait la naissance d’un « bon livre ».
Alors oui, on pourrait dire que le succès d’un livre dépend uniquement d’un fait du hasard, de circonstances sociales et culturelles extérieures. Mais cela revient à dire que les auteurs ne sont pour rien dans la réussite de leurs ouvrages. Cela revient à dire qu’aucun auteur n’a de génie.
Et pourtant, des auteurs (qu’ils soient de bandes dessinées, de romans d’amour, de science-fiction ou de romans historiques), il y en a bel et bien des géniaux qui écrivent de vraies pépites, pépites qui marqueront leur génération, et parfois même l’Histoire entière.
Comment mesurer la valeur d’un livre ?
Durant les deux derniers siècles, c’était davantage l’auteur que le livre en lui-même qui comptait. En effet, c’était l’originalité de cet auteur, un être à part, ne vivant pas comme tout le monde, qui passionnait. C’était bien souvent un homme reclus ou un grand aventurier qui parlait 18 langues et avait parcouru le monde sur des terres que nul encore ne connaissait.
Mais aujourd’hui, les écrivains sont des gens comme nous. Ils vont au supermarché, regardent les mêmes émissions à la télévision, et prennent le métro pour aller travailler car beaucoup ne vivent malheureusement pas de leur écriture.
Le fantasme de l’écrivain n’est plus. Et finalement, c’est tant mieux ! Car aujourd’hui, si un livre a du succès, c’est qu’il le mérite vraiment. C’est que l’auteur, en étant lui parfaitement banal, parvient à écrire et à créer avec de simples mots quelque chose qui ne l’est pas. Quelque chose qui sort du lot, qui est original. Qui marque, qui choque, ou qui provoque le plus pur des ravissements.
Quasiment tous les thèmes, tous les sujets, ont déjà été traités par la littérature et les grands auteurs d’antan. Et pourtant, certains aujourd’hui grâce à leur génie arrivent à dire une chose déjà dite autrement.
Alors oui, s’il fallait trouver une qualité universelle de tous les « bons livres », ce serait l’originalité. L’originalité est définitivement un ingrédient essentiel du bon livre. Elle est l’épice qui fait d’un plat ordinaire un grand plat.
Pour le reste, c’est une affaire de goût et de reconnaissance émotionnelle…
Et c’est très bien comme ça.
