Littérature : des romans pas comme les autres…

Des livres qui, au fil des pages, ne contiennent pas de e, d’autres qui n’ont pas de verbe, certains qui se lisent dans le désordre, bienvenue au pays des livres bizarres…
Livres étonnants et bizarres

Pour un auteur, même d’envergure, même confirmé et reconnu, écrire un roman et surtout réussir à le finir est toujours une aventure, peut-être même une épopée, en tout cas une période semée d’embûches bien que remplies de surprises.

Mais pour certains livres, l’ampleur du travail semble encore plus grande. Pour certains livres, la possibilité même de ce livre n’est pas envisageable. Des livres écrits sans voyelle, construits sans verbes, ou dans une langue et une écriture inconnue et encore indéchiffrée. Il y a aussi celui que l’on peut lire dans deux sens différents et qui nous amène à faire le choix entre l’ordre, ou le désordre.

Avant même les qualités littéraires du roman, les auteurs ont réussi le pari de le faire, de le réaliser. Et même tout simplement d’y avoir juste pensé en amont, d’avoir osé l’imaginer.

Étranges, surréalistes et toujours épatants, voici notre sélection des 4 livres les plus particuliers du monde de la littérature contemporaine.

« La Disparition » de Georges Perec

Écrit en 1968 et publié en 1969, « La Disparition » est un roman écrit en lipogramme, mot qui vient du grec et qui signifie littéralement « à qui il manque une lettre ». Tout au long de ses 300 pages, Georges Perec n’a pas utilisé une seule fois la lettre e. Cette lettre qui est pourtant celle qui revient le plus dans la langue française est absolument absente, résolument abandonnée.

Ce « livre particulier » ne se limite pas à la prouesse technique. Il y a une vraie cohérence avec le thème, avec l’histoire. Perec se sert de l’absence du e comme d’une métaphore. Dans ce roman, à la fois thriller noir et fantastique, les personnages n’ont de cesse que d’être confrontés au caractère manquant. Jusqu’à leurs propres disparitions, comme le « e – eux disparu(s) ».

« Le Train de Nulle Part » de Michel Dansel

« Le train de Nulle Part » a été publié en 2004. Écrit par Michel Dansel, sa particularité est qu’il ne contient aucun verbe. Pendant 233 pages, aucune phrase n’est construite de manière traditionnelle sujet-verbe-auxiliaire. Une prouesse rédactionnelle, dont voici un extrait :

« Quelle aubaine ! Une place de libre, ou presque, dans ce compartiment. Une escale provisoire, pourquoi pas ! Donc, ma nouvelle adresse dans ce train de nulle part : voiture 12, 3ème compartiment dans le sens de la marche. Encore une fois, pourquoi pas ? » 

Et ce qui est incroyable, c’est que ça marche. Malgré les relatives critiques négatives, l’œuvre est à souligner. Le rythme est là. La lecture est fluide. À noter aussi, Dansel donne est vrai sens à sa démarche artistique. Il écrit en introduction : « Le verbe cet envahisseur, ce dictateur, cet usurpateur de notre littérature depuis toujours ! » Une position et un roman qui ont le mérite de faire se poser des questions…

« Codex Seraphinianus » de Luigi Serafini

« Codex Seraphinianus », c’est plus qu’un livre étrange et particulier : c’est un univers entier. Conçu par Luigi Serafini dans les années 1970, cet œuvre étonnante est déjà exceptionnellement belle esthétiquement. Ses illustrations sont aussi superbes que déroutantes. Elles cachent un mystère, l’indice d’une énigme, peut-être pour déchiffrer l’écriture entièrement inventée par l’auteur, une écriture dont le code n’a été déchiffré par aucun linguiste.

Une encyclopédie fantastique qui parle d’un monde imaginaire et surréaliste dans une langue connue de l’auteur seulement : le cas du « Codex Seraphinianus » est un ravissement pour les yeux et une expérience aussi déstabilisante que savoureuse.

Marelle de  « Julio Cortázar »

« Marelle » est une œuvre centrale dans la culture latino-américaine. Écrit par l’argentin Julio Cortázar et publié en 1963, « Marelle » est un roman de 155 chapitres qui peuvent se lire normalement du début jusqu’à la fin, dans l’ordre, linéairement, ou pas. Au tout début du livre, une note propose au lecteur une façon alternative de découvrir « Marelle » : en commençant sa lecture au chapitre 73 puis en suivant un « ordre désordonné » recommandé.

Une histoire dont nous décidons de ne rien vous dévoiler, si ce n’est son esprit surréaliste et peut-être même visionnaire…